Deux articles scientifiques ont montré la pertinence des classifications automatiques et qu’un nombre limité d’espèces est suffisant pour reconnaitre un habitat forestier

Faire l’inventaire des habitats naturels présents est une étape indispensable et décisive lors de la création des documents de gestion, et généralement réalisé en listant les espèces végétales présentes. Cependant, peu de consignes explicites existent pour rattacher un relevé floristique à un type d’habitat. Cela repose majoritairement sur une expertise, souvent réalisée par une seule personne. Avec pour objectif de sonder les méthodes permettant de standardiser et d'optimiser la reconnaissance des habitats forestiers, PatriNat a co-publié deux articles sur l'efficacité des programmes automatiques de classement des habitats forestiers et sur la quantité minimale d'information nécessaire dans les relevés d'espèces végétales pour reconnaître un habitat.

L’objectif du premier article publié en 2020 dans Applied Vegetation Science et qui s'est vu décerner le prix des éditeurs 2020, a été de connaitre le niveau de convergence entre plusieurs experts lors de la reconnaissance des habitats, puis d’évaluer l’efficacité des programmes automatiques de classement en les comparant à un panel d’experts. La convergence entre cinq experts en phytosociologie lors du rattachement de plusieurs centaines de relevés floristiques forestiers à un habitat a été explorée, puis leurs déterminations ont été comparées à celles de trois programmes automatiques. Une forte variabilité entre experts a été constatée, et il a été mis en évidence que l’efficacité des programmes automatiques était comparable à celle des experts.

Grâce au même jeu de données, les auteurs ont cherché à connaitre le niveau minimal d’informations floristiques nécessaires pour la reconnaissance d’un habitat. Dans le deuxième article publié en 2022 dans Applied Vegetation Science, l’influence du nombre et du type d’espèces que contient un relevé floristique sur son rattachement a été évaluée. Les auteurs ont pu montrer que pour la reconnaissance des habitats forestiers, un nombre limité d’espèces est suffisant (dix espèces en moyenne pour reconnaitre une association et sept pour une alliance), et qu’il est possible d’utiliser des relevés réalisés en hiver.

Ces résultats permettent d’améliorer la standardisation de la reconnaissance des habitats forestiers en mettant en évidence un niveau minimal d’informations floristiques nécessaires, et la pertinence des classifications automatiques. Ces outils pourront ainsi être utilisés pour créer des séries temporelles sur les habitats à partir de relevés non rattachés (>1 800 000 relevés disponibles en Europe), indispensables pour une surveillance à long terme.



Pour en savoir plus

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Un nombre limité d'espèces, et donc un temps limité passé sur le terrain, suffit pour rattacher un relevé floristique à un habitat forestier. Nous avons également prouver l'efficacité des programmes automatiques de classement. Ainsi il devient possible grâce à ces outils de créer des séries temporelles de données standardisées sur les habitats à partir d'une grande variété de sources de données. Ces séries sont cruciales pour le suivi des habitats à l'échelle nationale et européenne.

Crédits
© Lise Maciejewski, Paulina E. Pinto, Stéphanie Wurpillot, Jacques Drapier, Serge Cadet, Serge Muller, Pierre Agou, Benoît Renaux, Jean-Claude Gégout
Publié le : 30/03/2022 15:37 - Mis à jour le : 21/04/2022 18:47